Le nouvel an khmère
arrive à grands pas. Depuis déjà des semaines les cambodgiens se
préparent à rentrer dans leur village d'origine et me demande où
moi je vais célébrer l'arrivée de cette nouvelle année. Mes plans
changent et rechangent, les bus sont tous pleins, les guest house
aussi...Finalement la décision est prise Mbola, Anaïs et moi
prenons un bus pour Koh Kong à l'ouest de Cambodge, tout près de la
Thaïlande, au bord de la mer. Sur place nous retrouverons
Christelle, dont la mère est Cambodgienne (détail important car ce
sera aussi notre traductrice durant ces 4 jours), Matthieu et ses
deux potes, Max et Saber.
Après 6h de bus nous
arrivons en début d'après-midi dans la petite ville de Koh Kong.
Nous trouvons une petite guest house très sympathique où le gérant
propose de nous héberger gratuitement sur des matelas sur la
mezzanine. Pas de confort mais de bonne économie ! Nous louons
des motos pour le reste de la journée et prenons le chemin de la
plage. En route nous tombons dans le piège des bombes à eau des
familles cambodgiennes qui fêtent la nouvelle année. Nous lâchons
nos engins afin de nous mêler à la bataille avec acharnement. Entre
whisky offert par la maîtresse de maison, tir au pistolet à
eau, « tartinage » de talque sur le visage, course
poursuite avec les enfants et les grands nous finissons trempés de
la tête aux pieds et même pour certaines les fesses dans les
tonneaux d'eau !
Puis enfin la mer. L'eau
est délicieusement chaude et entre deux batailles d'eau (ça sera
notre fil rouge du week-end) nous profitons de la vue sur la plage de
sable fin bordée de cocotiers. Puis pêche aux coquillages et
dégustation les pieds dans l'eau de nos trouvailles.
Nous profitons du début
de coucher de soleil mais alors que le rouge et l'orange envahissent
l'océan il est déjà l'heure de rentrer pour se préparer à la
fête. Retour quelque peu ralenti cependant par la crevaison du pneu
d'une des motos. Mais bon sinon ça ne serait pas le Cambodge.
Tous les Cambodgiens sont
de sortie où dînent en famille pour cette soirée tant attendue.
Nous nous régalerons de plats typiques au bord de la mer avant de
nous immerger dans une boite de nuit khmère au milieu des jeunes
cambodgiens déchaînés ! Après des heures de danse nous
rentrons pourtant non fatigués mais le lendemain nous partons dans
la jungle pour un trek de 2 jours alors un peu de repos n'est pas de
refus.
Réveil difficile mais la
motivation se fait vite sentir. Nous embarquons sur un petit bateau
avec notre guide Pat et les vivres du week-end. Malgré l'air peu
rassuré de la plupart de mes compagnons d'expédition nous
apprécions tous pleinement la ballade à travers les centaines de
mangroves qui bordent notre chemin. Après quelques temps de
navigation le silence se fait, le chemin se resserre et nous
débarquons dans une ferme au milieu de nul part habitée par une
famille cambodgienne. On se sent tout de suite bien dans cette petite
habitation au confort rudimentaire encerclée par la nature.
Nous
rencontrons les membres de la famille et discutons avec le patriarche
de la France, de l'occupation du Cambodge, de la guerre contre le
Vietnam et de la vie. Nous faisons a,ussi la connaissance de l'oiseau
domestique de la famille, un sarika en khmère, qui à la faculté de
reproduire les voix humaines. L'oiseau s'amuser à imiter nos rires
et nous tentons de lui apprendre de nouveau mots !
Puis après
une tentative d'attaque d'un scolopendre (sorte de mille pattes
vénéneux qui donne la fièvre) à laquelle j'échappe de justesse
grâce une fois de plus à la délicatesse de ma voix, nous prenons
le chemin de la jungle. Le chemin se voit à peine et nous nous
enfonçons rapidement dans la végétation luxuriante. La chaleur est
presque insoutenable et l’arrêt baignade est plus que bienvenue !
Sur le chemin nous profitons des ressources de la jungle et goûtons
aux fruitst du jaquier, aux ananas sauvages ou pommes-cannelles. On
joue à se faire « un serpennnnnnnnnnnnnnt », on enchaîne
les fous-rire.
Le soir nous rentrons
agréablement épuisés et apprécions pleinement notre nuit dans les
hamacs ou petites cabane dans les arbres auprès du feu.
Le lendemain c'est
reparti pour une ballade de 4h. Une fois de plus la nature ne nous
déçoit pas. Nous traversons la jungle ainsi que quelques propriétés
avant d'arriver à une petite cascade. Sur le chemin quand même
quelques gamelles, des cris lors de rencontres inattendues avec des
insectes et un pont en bambou lâchant sous mes sauts de cabris !
La pause déjeuner au bord de l'eau nous permet d'inventer des
techniques de pêche inattendues, on récoltera tout de même une
dizaine de minis poissons grâce à un T-shirt en filet, une
bouteille, une cuillère de riz et beaucoup de patience, et de
profiter de la fraîcheur de l'eau. Au retour nous rencontrons des
familles bien, voire très, éméchées qui fêtent le nouvel an. Le
petit vieux du hameau nous embrasse à plusieurs reprises. Je
découvre le baiser cambodgien qui consiste à respirer l'odeur de la
personne sur la joue. Il n'a pas du être déçu de l'odeur après
toutes ces heures de marche ! Puis nous traversons des champs à
perte de vue. La pluie se met alors à tomber et nous sommes
rapidement complètement trempés ! La promenade n'en est que
plus belle et se terminera en combat de boue et course poursuite pour
regagner la maison au plus vite.
Nous devons attendre que
la marée remonte pour prendre le bateau et rentrer. Nous profitons
de ce temps libre pour enchaîner parties de UNO et de kems pendant
que nos hôtes tuent un canard pour le repas du soir. La nuit est
tombée et le bateau est enfin là. On se demande comment on va
retrouver notre chemin dans le noir mais c'est sans conter les yeux
de chat de notre guide !
Finalement nous montons à
bord pour un moment de véritable magie. Encerclé par les ténèbres
la barque s'engouffrent dans le chemin laissé par les mangroves. Le
silence est saisissant, la beauté du moment encore plus. Des
centaines de lucioles illuminent les arbres telles des guirlandes
scintillantes indiquant le chemin. Dans l'eau, au contact de nos
mains les planctons fluorescents inondent les eaux obscures de
lumières telles des boules de feu. Dans le ciel les étoiles et
quelques éclairs achèvent ce magnifique tableau. Le trajet est
magique et clôture en beauté cette excursion.
Je me rappelle alors
pourquoi j'aime tant voyager.
Le lendemain nous
rentrons tranquillement sur Phnom Penh la tête pleine de beaux
souvenirs et de jolies rencontres. Cette nouvelle année commence
bien !
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